Folklore

Natole Delavaux est orphelin et est adopté par les jemellois au début du 20è siècle. Ce gros mangeur est le vainqueur du concours de « mougneu d’jote » (mangeur de d’jote) peu avant 1930. Son appétit était incroyable: après avoir vaincu 19 adversaires, il demanda qu’on lui laisse une croûte de pain pour racler les assiettes des participants. Pour cet exploit, il fut nommé « Rwé des raletscheux d’pelles » (roi des lècheurs d’assiettes).

Les Jemellois refont revivre ce personnage sous l’apparence d’un géant que l’on nomme Anatole, roi des mougneux d’jote.

« La statue de Natole Creton qui se trouve devant l’école communale a été mise en place et inaugurée en même temps que celle de sainte Marguerite qui se trouve devant le Phare (inauguration le dimanche 12 décembre 2004) ; ces renseignements sont extraits du cahier du SI de l’année 2018 « le Kiosque de Jemelle ».(Jean-Luc Fivet)

« Actuellement, c’est Gamedella (Maison de Quartier) qui en assure la garde (les statues sont en dépôt dans l’église pour les bustes, dans le garage du presbytère pour les « jupes » et à Gamedella pour les costumes)
Nous (SI Jemelle)  avions envisagé l’an dernier d’ouvrir la kermesse 2020 avec ces géants ; mais ce maudit coronavirus a chamboulé nos plans. Ce n’est que partie remise, bien sûr ! »
(Jean-Luc Fivet)


Selon la légende, à l’occasion d’un concours de mangeurs de djote organisé à Jemelle, on salua l’écrasante victoire de Natole Crèton qui, non content de surclasser les autres concurrents, se permit d’engouffrer ce que son adversaire le plus direct avait laissé dans son assiette. De là vient le sobriquet des Jemellois : lès ralètcheûs d’ pêle, mais aussi : lès mougneûs d’ djote.

Sur pareil terrain, une Confrérie de la Djote devait naturellement naître. Ce fut le cas en 1972 mais pour deux années d’activité seulement. En 1981, Arthur Breuskin, entouré des principaux fondateurs, MM. Doicesco, Lathuraz, P. Michel, F. Cuvelier, M. et S. Génicot, A. Herman, J. Henrotin et A. Dalem, ressuscita la Confrérie. Les membres d’honneur, qui viennent grossir les rangs de cette confrérie philanthropique, prêtent le serment suivant :

« De la Confrérie de la Djote, la loi accepteras.
Fidèle à ton serment, en ralètcheûs, tu te comporteras.
Savoir, bon sens, bon coeur, apporteras.
Au service de la région, te placeras.
Honneur, action et dévouement, mettras
En toutes circonstances, quand il le faudra.
Objectivement et calmement, discuteras.
Loyalement et complètement informeras.
Joyeux luron, aimant la vie, resteras.
Bon vin et crâsse djote, tu avaleras
Afin qu’à table, bon ralètcheûs, tu deviendras. »


La Confrérie a aussi adopté un hymne, celui qui fut composé, paroles et musique, par Jules Delhaize de On : « Vîve li djote ». Une copie m’en a été fournie par Théo Ramelot de Jemelle, en même temps qu’il me documentait sur la Confrérie de la Djote dont il est un membre de la toute première heure.

Chanson enregistrée dans « On » et « Jemelle Namur » – l’auteur est de On –
1.
Nos vikans dins on payis
D’ oû k’ lès djins savèt co rîre.
Gn-a co place po dès pachis,
Po dès bwès èt dès pèzîres.
Èle n’ èst nin grande, nosse Famène,
Nin dandjî dol rèpètè.
Mês intrez dins nos cujènes
Èt v’ vèrez ç’ k’ on pout goster.
Refrain.
One bone crôsse djote,
Ça fêt plêji.
One bone crôsse djote,
Gn-a rin d’ pus hêti.
Mougnez dol djote
Po vikè eûreûs.
Mougnez dol djote,
I gn-a rin d’ mèyeû.
2.
Dins lès viles, fôt st-assoti,
Vos n’ sôrîz vikè pôjîre.
Lès djins vorèt, mès-amis,
Come dès mouches dins one tchètîre.
Ôtoû d’ Pogne, c’èst nin parèy :
On prind co l’ tins do soflè
Èt tot chuflant one Mèrvèye,
On sêt ç’ k’ i fôt avalè.
3.
Po lès cîs ki n’ ont rin vèyu,
Fôt k’ on-z-èksplike l’ atèlée :
Amôdurè on cabu,
C’ èst nin cûre one cabolée.
Si on dit k’ one djote modêle
Dut èsse ritchôfèye sèt’ côps,
C’ èst k’ mon lès ralètcheûs d’ pêle,
On n’ wête nin a on crèton.

Glossaire :
Amôdurè = discipliner, mettre au pas. / hêti = sain, en bonne santé. / mouche di tchètîre = abeille. / pèzîre = grand champ, prairie, champ cultivé. / pôjîre = paisible. / tchètîre = ruche en paille en forme de cloche.
Deux noms propres dans le deuxième couplet demandent explication. « Pogne » désigne Rochefort, anciennement appelé Behogne, contracté en « Pogne ». Quant à la « Mèrvèye », c’est le nom donné aux merveilleuses Trappistes de Rochefort, qui, si Dieu existe, en constituent la preuve irréfutable.